Philosophons,
on a le temps…

Un des effets pour le moins désagréables du retour de la Covid-19 est le climat de méfiance que les légitimes précautions contre le virus instaurent parmi nos contemporains. Le fait de conserver une distance d’un ou deux mètres, de ne plus se serrer la main et de rester masquer rend impossible le sourire avenant et le contact humain qui constituaient quand même l’essentiel de nos échanges. Pis: soumis pour la seconde fois à des contraintes parfois presque accablantes pour les plus fragiles, les gens se mettent à rechercher des coupables, des profiteurs, des inconscients à dénoncer.
Tentons donc de positiver, si c’est encore possible sous les brouillards de l’hiver s’annonçant. D’abord, ce nouveau semi-confinement est au moins l’occasion de renforcer la volonté d’améliorer son chez-soi, qu’il s’agisse de rénovation, de changement de décoration ou carrément de déménagement. On l’a vu durant et après le premier épisode du coronavirus, près de la moitié des habitants de ce pays sont tentés par un changement. La villa prend le dessus sur l’appartement PPE, les rez-de-chaussée avec jardin et les balcons deviennent de plus en plus recherchés. Les chantiers restent ouverts, les agences immobilières aussi – désormais rodées au télétravail – et dans plusieurs cantons, l’économie tourne presque normalement.
Après tout, l’absence de voyages de deux jours à Porto ou Marrakech, si elle fait rêver les tenants de la ligne écologiste la plus dure, présente l’intérêt de retrouver la valeur de la proximité, qu’elle soit familiale ou géographique. Consommons local, cessons quelque temps d’aller chercher des sites idylliques à des milliers de kilomètres alors qu’il en existe à notre portée, dans notre pays ou même dans notre canton. Et comme le disait Nietzsche, cité par le philosophe Alexandre Jollien (qui sait ce que le mot résilience veut dire), «tentons chaque jour de rendre heureux un être humain». Ce peut être un proche ou un moins proche, recevant un coup de fil ou un signe de solidarité. Le cadre de vie post-Covid ne pourra qu’en être amélioré.