Le bons sens confiné?
Le coronavirus a frappé le monde entier et provoqué une crise sans précédent. Aujourd’hui, avec un surprenant décalage qui intriguera sans doute les historiens dans quelques décennies, la plupart des Etats prennent de drastiques mesures de sécurité qui eussent été fort utiles en février ou en mars, lorsque le virus tuait, mais qui suscitent l’incrédulité de populations angoissées et inquiètes. De vigilants sycophantes réveillent leurs bas instincts, dénonçant avec délice les masques absents ou posés de travers; ils s’étaient entraînés durant le confinement en signalant les comportements inappropriés de leur voisin. A l’autre extrême, on trouve des inconscients complets qui refusent jusqu’au lavage des mains et vont jusqu’à frapper ceux qui leur feraient la moindre remarque.
Plus grave: alors que l’économie peine à redémarrer, des mesures de circulation délirantes – Paris et Genève faisant figure d’exemples à ce propos – sont prises sous prétexte de pandémie à combattre, ouvrant la voie à d’autres exigences de minorités actives: il faut renommer les rues, abattre les statues, interdire les voitures, chasser les multinationales, supprimer l’armée, subventionner davantage, légaliser les travailleurs au noir, augmenter les dépenses de l’Etat… Là où la raison et la solidarité auraient dû triompher après l’épreuve commune du printemps, la démesure idéologique fleurit. Du côté de l’immobilier, le confinement a provoqué une vraie prise de conscience: le logement et son environnement immédiat ont été valorisés; on veut un logis plus accueillant, plus confortable. Le marché reprend peu à peu des couleurs: ce n’est vraiment pas le moment de céder aux sirènes jusqu’au-boutistes, de multiplier les tracasseries administratives et d’accroître la pression fiscale. Certains cantons l’ont compris, comme Zoug, qui a accordé une baisse linéaire d’impôt à son heureux peuple. D’autres – ne citons personne – ont toujours beaucoup de mal à comprendre.